Conférence : La diplomatie, objet contemporain de recherche
Conférence : La diplomatie, objet contemporain de recherche
13 Feb
13Feb
Conférence
La diplomatie : objet contemporain de recherche
12/11/18 – Sciences Po CERI
La conférence consistait en un débat sur les nouveaux enjeux de la diplomatie à l’occasion de la sortie des ouvrages Manuel de Diplomatie de Thierry Balzacq, Frédéric Charillon et Frédéric Ramel et de Diplomatie française, outils et acteurs depuis 1980 de Maurice Vaïsse, tous présents.
Parmi les invités se trouvaient Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères sous le gouvernement de Jospin (1997-2002) et Isabelle Dasque, maître de conférences à l’université Paris-Sorbonne - Centre de recherche en histoire du XIX siècle. Le débat était présidé par Alain Dieckhoff, directeur du CERI.
Présentation du Manuel de diplomatie
Introduction
La diplomatie use désormais d’instruments de plus en plus techniques, et investit dans de nouveaux territoires de négociation. Ces changements réveillent l’intérêt d’une étude détaillée de la scène diplomatique sous de nombreux regards : celui de la science politique des relations internationales, de l’histoire et de la sociologie.
Premier Manuel de diplomatie en langue française, cet ouvrage aborde toutes les dimensions de l’institution diplomatique au XXIe siècle, en la situant dans son évolution historique et en présentant ses aspects classiques comme ses nouvelles formes d’expression.
Les auteurs ont cherché à cartographier les champs des études diplomatiques et à renouveler l’enseignement de la diplomatie. Il n’est pas un guide mais sert à insérer les traditions théoriques (rationnelles, discursives, par les pratiques, par la performance) au sein de leur sujet de travail. Les auteurs se sont centrés autour de trois recompositions essentielles de la scène internationale : la démultiplication des cadres diplomatiques, la multiplication des intervenants diplomatiques et la densification des matières diplomatiques. Il s’agissait pour eux de se demander : en quoi ces recompostions interrogent le périmètre de la diplomatie et la façon de la pratiquer ?
Le livre s’organise en trois parties :
Les vecteurs de la diplomatie : le bilatéralisme, le multilatéralisme, la négociation et la médiation, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, les diplomaties de clubs et de groupes, la para diplomatie, les rituels et le protocole.
Les acteurs de la diplomatie : l’État, les organisations intergouvernementales, les régions (sub- et supra-étatiques), les parlements et collectivités territoriales et les individus.
Les secteurs de la diplomatie : la culture, l’Entertainment, l’environnement, l’économie et l’entreprise, l’expertise, la défense et l’humanitaire.
Présentation de Diplomatie Française, Outils et acteurs depuis 1980
Introduction
Les relations internationales ont connu ces dernières décennies d’importants bouleversements. Comment la diplomatie française s’adapte-t-elle à ce nouvel ordre du monde, alors même qu’elle dispose de l’un des trois premiers réseaux de postes diplomatiques ? Elle a ainsi subi des réformes sans précédent, que ce soit dans son organisation ou dans son action, comme aussi dans le choix des hommes et des carrières. Plus que tout autre, le Quai d’Orsay a été touché par ces transformations. À travers sa politique extérieure, à travers le ministère des Affaires étrangères, c’est le visage même de la France du XXIe siècle qui se dessine.
L’ambition de ce livre est de nous en tracer les contours et de nous en restituer l’histoire. C’est au cœur de la Ve République que nous sommes ainsi conduits. Car, si les diplomates continuent à jouer un rôle essentiel de représentation, d’information et de coordination de l’action extérieure de la France, la négociation et la prise de décision sont de plus en plus l’apanage de l’Élysée. Voici donc le portrait saisissant du nouveau Quai d’Orsay, de son évolution passée et de ses perspectives à venir, et du futur qu’il ouvre aujourd’hui pour la France dans le monde.
L’objet de recherche de l’ouvrage de Maurice Vaïsse était celui de la combinaison des fonctions stables et des nouveautés c’est-à-dire celui de la combinaison les instances de décision et les moyens d’action à l’étranger. L’ouvrage dresse un portrait du Quai d’Orsay et fait le constat suivant : la diplomatie est de plus en plus conduite par l’Elysée.
L’ouvrage analyse alors les grands bouleversements qui ont affecté le Quai d’Orsay :
L’adaptation aux évolutions. Par exemple, en 1980 20 collaborateurs étaient au service du protocole, il y en a maintenant 105.
La volonté réformatrice avec 5 réformes principales : les réformes de Jean-François Poncet, d’Alain Juppé, d’Hubert Védrine, celle du Livre Blanc, et celle de Laurent Fabius.
Le bilan positif de ces analyses est que le quai d’Orsay a acquis en visibilité grâce à des outils comme la semaine des ambassadeurs. Il s’est également féminisé (16 femmes en 2002 puis 40 femmes en 2017). Cependant, ce Quai d’Orsay a perdu en pouvoir directionnel, avec la perte de direction des étrangers en France au profit du ministère de la culture. Il fait également face à la diminution de 39% des effectifs entre 1980 et 2017. Faut-il alors assumer d’avoir eu diplomatie a peu de moyens ?
Intervention d’Hubert Védrine
L’ancien ministre des affaires étrangères a lui également questionné l’avenir de la diplomatie, Selon lui il n’existe pas plusieurs types de diplomatie mais une seule diplomatie qui se définit comme l’art de la négociation. Il faut revenir à la fonction première de la diplomatie : celle d’organiser les retions entre entités.
L’analyse du contexte international dans lequel s’applique la diplomatie souligne la nécessité d’un budget maintenu pour le quai d’Orsay.
Les Occidentaux ne sont plus au centre des décisions et relations sur la scène internationale. A l’heure où le monopole de la puissance leur a été retiré, la diplomatie est-elle plus essentielle que jamais ? Il est temps de sortir d’un « rêve européen » à l’instar de la CPI (Cour pénale internationale) irréalisable et irréel dans un monde où, comme l’affirme la chancelière Allemande, on ne peut plus compter sur les Américains.
L’immédiateté de l’information et des réactions fait désormais partie du quotidien. La difficulté de la diplomatie contemporaine consiste à tenir compte d’un sujet immédiatement et répondre aux réactions instantanées tout en gardant le cap des réformes et des objectifs à atteindre.
La transparence est nécessaire pour une diplomatie efficace. L’usage de la diplomatie doit désormais se faire dans la transparence et donc nécessite de renégocier les règles de l’organisation du monde. Ceci nécessite des politiques étrangères qui s’adaptent.