Le passé nous a déjà démontré au fil des siècles qu’il suffit parfois d’un simple prétexte pour déclencher des conflits dont les conséquences sont impossibles à contrôler et surtout à imaginer. C’est le cas aujourd’hui en Europe de l’Est, où un état souverain, l’Ukraine, est menacé par une puissance militaire et énergétique mondiale : la Russie. La proximité entre ces deux pays, les enjeux qui sont derrière, et les alliés d’un pays et de l’autre font de cette montée des tensions un sujet très sensible des relations diplomatiques internationales.
Les tensions entre ces deux pays ne font que croître depuis novembre dernier. En effet, ces tensions se traduisent par une militarisation de la frontière entre la Russie et l’Ukraine, avec l’envoi de plus de 8 000 soldats et de nombreux exercices militaires impliquant des avions de chasse et des bombardiers. Mais comment sommes-nous arrivés à cette situation ?
L’Ukraine, depuis son indépendance de l’URSS est un état qui se trouve divisé en deux : d’un côté la partie occidentale, pro-européenne, et de l’autre côté la partie orientale, pro-russe (région du Dombass). En 2010, lors des élections présidentielles où s’affrontent Viktor Ianoukovytch (pro-russe) et Ioula Tymochenko (pro-européens), c’est le candidat pro-russe qui gagne les élections. Ce résultat divise encore plus le pays, déjà très polarisé.
En 2014, alors que Ianoukovytch essaye de prendre ses distances en tentant de signer un accord d’association avec la Russie au profit de l’Union Européenne, des manifestations, nommées Euromaïdan, éclatent dans tout le pays. Ces manifestations sont marquées par des violences très importantes et se terminent par le renversement du président Viktor Ianoukovytch. En même temps, la Russie profite de cette situation et annexe la Péninsule de la Crimée après un référendum jugé non conforme d’après les autorités internationales suite au référendum, 95% des votants sont en faveur d’un rattachement à la Russie : la péninsule de Crimée prend alors son indépendance de l’Ukraine.
Le protocole de Minsk est alors signé en 2015 par les représentants de la Russie, de la République de Donetsk, de la République de Lougansk et l’Ukraine, mettant fin à la guerre en Ukraine orientale. Malgré tout, les tensions restent importantes dans la zone entre la région du Dombass, soutenue par la Russie et l’Ukraine.
La crise russo-ukrainienne prend un tournant en mars 2021, quand la Russie commence à concentrer près de 100 000 troupes, des missiles et d’autres armes à la frontière russo-ukrainienne. Cette nouvelle montée en tension est la conséquence d’une tentative de l'Ukraine de rejoindre l’OTAN et l’UE. En effet, le ministère russe des relations extérieures annonça l’interdiction de l’Ukraine de rejoindre l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et une diminution des soldats ukrainiens. Cependant la réponse des États-Unis et des pays de l’OTAN n’a pas été celle que la Russie aurait pu prévoir. Les États-Unis et l’Union européenne ont affiché leur unité face à la crise ukrainienne, notamment en promettant des sanctions en cas d’invasion. Malgré le lancement d’un appel au dialogue avec Moscou, les négociations menées à Genève ont été infructueuses et Joe Biden a dramatisé la situation en évoquant la possibilité d’une incursion russe en Ukraine qui provoquerait une réponse « sévère » des États-Unis et de leurs alliés. Sur le front militaire, plusieurs pays occidentaux ont annoncé l’envoi de nouveaux soldats en Europe orientale et l’Ukraine a, pour sa part, reçu environ 500 tonnes de munitions et d’équipements militaires des États-Unis.
Quel va être le dénouement de cette crise ? Le principal point de friction, dont l’aboutissement pourrait décider de l’avenir de cette crise, est l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.
« L’une des règles de l’Alliance est que les pays accueillis doivent avoir résolu tous leurs problèmes frontaliers pour ne pas intégrer un facteur de crise au sein de l'Organisation ». En revanche, des pays membres de l’OTAN soutiennent militairement l’Ukraine sur la base d’accords bilatéraux. Joe Biden, lors d’un dialogue avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, a bien affirmé que les États-Unis et leurs alliés répondraient en cas d’une invasion russe, mais une intervention armée de l’OTAN en Ukraine est à écarter complètement. En effet, l’article 5 du traité (qui prévoit une intervention en cas d’attaque d’un pays membre) ne peut pas être engagé puisque l’Ukraine ne fait donc pas partie de cette alliance militaire.
Malgré tout, les États-Unis ont ordonné aux familles des employés du gouvernement américain de quitter le pays.
La situation dans cette zone reste très complexe. Alors que les militaires en Ukraine commencent à donner des formations dans les écoles pour qu’en cas d’attaque, les plus jeunes soient prêts à réagir, les tensions continuent à croître. Que pouvons-nous finalement attendre ? Une désescalade grâce à un dialogue entre les deux pays ? Ou au contraire, un conflit armé, avec implication des puissances mondiales dans un camp ou dans l’autre ?
Alvaro Castrillejo