28 Dec
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Pourquoi fuir le Honduras ? 

Depuis le 13 octobre, ce sont plus de 2000 Honduriens qui ont commencé à quitter leur pays en direction des États-Unis pour y demander l’asile. Ils fuient la violence et la criminalité qui régissent ce pays de 9,1 millions d’habitants, celles-ci s’intensifiant depuis la réélection, le 26 novembre 2017, du président Juan Orlando Hernández (Parti National – parti conservateur) à la suite d’un processus démocratique jugé douteux par l’ensemble de la communauté internationale.

Le Honduras pâtit d’un des taux d’homicide les plus forts au monde. D’après l’ONU, ce dernier s’élèverait ainsi à 63,8 homicides pour 100 000 habitants en 2015. Les migrants cherchent également à échapper à l’extorsion permanente à laquelle se livrent les gangs tels celui des « Maras ». C’est ce que les Honduriens appellent l’impôt de guerre, c’est-à-dire que les familles doivent régulièrement verser une somme d’argent aux bandes du crime organisé. Si elles sont incapables de payer, elles reçoivent des menaces de mort et leurs enfants risquent d’être kidnappés. A cela s’ajoute la pauvreté extrême observée dans le pays. Le Honduras figure en vingt-septième position des pays les plus pauvres de la planète. Après le Nicaragua, c’est le deuxième pays qui rencontre le plus de difficultés économiques. Ravagé par le chômage, il présente alors un taux de pauvreté de 64,3%. L’an passé, près d’un habitant sur cinq dans les zones rurales vivait en situation d’extrême pauvreté – soit avec moins de 1,90 dollar par jour (1,66 euro).

Ce grand basculement dans la violence du Honduras survient principalement à la fin des années 1990, quand les États-Unis renvoient dans leur pays d’origine des délinquants arrêtés sur le territoire. L’expansion du narcotrafic s’installe progressivement et durablement sur le territoire hondurien, le transformant en un lieu de transit de la drogue favorable au banditisme.


Mexique : la Caravane des migrants face à un mur ? 

Même s’ils sont des centaines d’Honduriens, rejoints par des Guatémaltèques et des Salvadoriens, à être parvenus à franchir la frontière du Guatemala puis du Mexique, ils ne sont pas au bout de leurs peines. Fin novembre, quelques 500 migrants centraméricains se sont décidés à forcer la frontière américano-mexicaine, au niveau de la ville de Tijuana. Bravant les gaz lacrymogènes lancés par la police américaine, une quarantaine d’entre eux aurait réussi à la franchir, mais se serait fait arrêter en posant le pied sur le sol américain. En revanche, des sources policières affirment que d’autres sont effectivement passés sans se faire arrêter. Ils demeurent encore des centaines à patienter, ou à envisager une vie au Mexique. S’ils veulent tenter la voie légale en émettant une demande d’asile, l’étude de leurs demandes peut potentiellement prendre des mois. En attendant, certains cherchent du travail dans des salons de recrutement improvisés ou manifestent contre des conditions de vie intenables.  


Les États-Unis et la réaction de Trump 

Cette situation semble loin d’être au goût du président américain, Donald Trump. Le 22 octobre, au vu de ce qu’il dénonce comme une incapacité du Honduras, du Guatemala et du Salvador à contenir l’immigration et à empêcher des milliers de personnes d’entrer illégalement aux États-Unis, il annonce une baisse des aides octroyées à ces trois pays. Cette décision risque notamment d’avoir de lourdes conséquences pour le Honduras puisque celui-ci demeure un faible exportateur, déjà en proie à d’importantes difficultés quand il s’agit de défendre sa souveraineté politique et économique.

Face aux 500 000 personnes traversant chaque année illégalement la frontière sud du Mexique, Donald Trump aurait aussi jugé ce moment idéal pour prendre un décret rejetant automatiquement les demandes d’asile déposées par des personnes entrées illégalement aux États-Unis, mais celui-ci s’est pour l’heure vu bloqué par la justice américaine.

Enfin, le président américain est resté très flou sur un éventuel accord avec le Mexique, laissant supposer que, désormais, les demandeurs d’asile resteraient au Mexique tant que leur demande n’a pas été examinée aux États-Unis. Mais le gouvernement mexicain a ensuite publié un communiqué démentant l’information. Trump continue pourtant de menacer de fermer la frontière purement et simplement.

Des migrants de la « caravane » tentant de franchir la frontière américaine et victimes des assauts de la police frontalière, le 25 novembre(L’Express, Reuters/ Kim Kyung-Hoon)

Vers une poursuite de la crise migratoire aux États-Unis ?  

Ainsi, la situation de l’immigration continue de se complexifier aux États-Unis. Alors que Trump avait annoncé la fin de sa politique de séparation des familles sans papiers en juin, 81 enfants ont pourtant été séparés de leurs familles au niveau de la frontière sud depuis, selon des données du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis (DHS en anglais), décembre 2018. Le DHS affirme que ces séparations ne sont dues qu’à des activités délictueuses ou à de nécessaires hospitalisations, mais au moins une vingtaine d’adultes ont été séparés des enfants du fait d’actions légales pour « d’autres raisons », qui demeurent floues.

En outre, le nombre de familles arrêtées après avoir traversé illégalement la frontière sud des États-Unis a battu des records en novembre, selon les chiffres officiels. En effet, depuis octobre, le nombre de personnes arrêtées a augmenté de 9% chaque mois, ce chiffre incluant l’arrestation des mineurs sans papiers non accompagnés. Si on le compare à celui de novembre 2017, il a en fait connu une hausse de plus de 200%. La polémique ne semble alors pas prête de s’arrêter d’enfler, surtout après la mort de Claudia, fillette guatémaltèque et migrante de sept ans maintenue en détention, survenue le 8 décembre au Texas.  


Audrey Castro

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