Quatre conférences mondiales sur les femmes ont été organisées par les Nations Unies. Après le Mexique en 1975, Copenhague en 1980 et Nairobi en 1985, la conférence de Beijing de 1995 adopte la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, tournant important dans la lutte mondiale pour l’égalité des sexes. Douze domaines prioritaires d’intervention sont ainsi définis, allant de la lutte contre la pauvreté croissante des femmes à l’abolition de la discrimination des petites filles en passant par l’accès à l’éducation, aux soins et aux formes d’activité de production.
En 2005, l’entité ONU Femmes, agence de l’Organisation des Nations Unies, est créée afin de « promouvoir la parité et l'autonomisation des femmes partout dans le monde ». La Directrice exécutive de cette entité depuis 2013 est la première femme à avoir exercé la fonction de Vice-Président en Afrique du Sud, Phumzile Mlambo-Ngcuka. Depuis le début de son mandat, ONU Femmes est à la tête de la coordination de la Journée Internationale de la Femme, et a créé une base de données, la Global Gender Equality Constitutional Database, dont l’objet est d’examiner les constitutions nationales à travers le genre, pour mieux évaluer la discrimination de la femme et des filles à l’échelle nationale et mondiale.
Le rapport “Women's Rights in Review 25 years after Beijing” (Bilan sur les droits des femmes 25 ans après Beijing), publié en amont de la Journée Internationale des femmes à l’occasion des 25 ans de la Conférence de 1995, dresse l’état des lieux le plus complet de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing.
Le constat est relativement pessimiste. En effet, si des avancées positives sont à constater - l’augmentation de la proportion de filles scolarisées, la diminution des décès de femmes en donnant naissance et l’accroissement de la proportion de femmes dans les parlements -, l’égalité des sexes n’a été atteinte dans aucun pays. Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes, le confirme en s’intéressant aux arènes du pouvoir où 75 pour cent des parlementaires, 73 pour cent des postes de direction, 70 pour cent des négociateurs sur le climat et presque tous les artisans de la paix restent des hommes. En outre, l’accès à des emplois rémunérés reste très inégalitaire : seules 62 pour cent des femmes âgées de 25 à 54 ans font partie de la population active, contre 93 pour cent des hommes. Elles sont, de plus, payées en moyenne 16 pour cent de moins que les hommes. Dans le domaine de l’éducation désormais, 32 millions de filles restent privées de l’accès à la scolarité.
La crise sanitaire du covid-19 a dégradé la condition de la femme dans de nombreux pays. En effet, les secteurs économiques principalement occupés par les femmes sont les plus durement affectés par la crise économique qui naît de cette pandémie. Ainsi, 72% des travailleurs domestiques ont perdu leur emploi durant cette crise, dont 80% de femmes ; 75,4 millions de travailleurs du secteur de l’hébergement et de la restauration -deux des secteurs les plus pénalisés par les diverses mesures de lutte contre la propagation du virus- sont des femmes soit 54% d’entre eux. En outre, les femmes ont davantage de risques d’être exposées au virus puisque 70% des employés du secteur de la santé sont des femmes. Enfin, les violences domestiques ont grandement augmenté durant cette pandémie notamment suite aux nombreux confinements.
C’est pourquoi, la crise du covid va certainement accroître les inégalités homme-femme et développer la pauvreté féminine selon ONU femmes. En effet, 247 million de femmes âgées de plus de 15 ans vivront avec moins de 1,90 $ par jour en 2021 contre 236 million d’hommes.
Afin de répondre aux conséquences sur l’avenir des femmes et des filles de la COVID, Phumzile Mlambo-Ngcuka a déclaré : « L’année 2020 offre une occasion sans précédent de changer la donne pour les générations actuelles et futures de femmes et de filles. Afin d’accélérer les progrès au cours de la décennie d’action des Nations Unies, ONU Femmes a lancé six coalitions d’action qui mobiliseront les gouvernements, la société civile, les agences des Nations Unies et le secteur privé pour produire des résultats révolutionnaires afin de faire progresser l’égalité pour les femmes et les filles. »
Charlotte Le Roux & Emilie Dubernard
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