05 May
05May

There is no planet B”, “you broke my earth” ou encore “make the planet great again”, voilà quelques slogans que l’on peut entendre tout autour du globe. A l’instar de Greta Thunberg, la figure du mouvement « Fridays for future » (les vendredis de l’avenir), la jeunesse du monde se fait de plus en plus entendre. La lutte contre le changement climatique est un enjeu majeur qui mobilise et la transition énergétique est au cœur du sujet. Et cette dernière pourrait bien bousculer notre monde.


Depuis quelques années, les énergies renouvelables prospèrent et se développent, pas assez vite selon certains, mais assez vite pour dépasser des prévisions relativement optimistes. Depuis 2012, il y a eu plus de constructions de centrales dans le solaire que dans le charbon, le nucléaire et le gaz combinés. Si une grande majorité importe des hydrocarbures, certains pays sont devenus des champions de l’énergie verte à l’image de l’Islande, le Costa Rica, le Danemark, le Portugal ou encore l’Uruguay qui vise l’indépendance énergétique en 2030. Un développement express qui s’explique notamment par une diminution conséquente des prix du photovoltaïque et de l’éolien (près de 80% pour le photovoltaïque et plus de 20% pour l’éolien), autrefois critiqués pour leurs coûts. Par ailleurs, la volatilité des prix des hydrocarbures due aux instabilités politiques, aux attaques terroristes ou encore aux conflits armés dans les pays producteurs rend vulnérables les pays exportateurs. Les énergies renouvelables deviennent dès lors une alternative viable et intéressante. Beaucoup de pays peuvent ainsi espérer accroître significativement leur indépendance énergétique grâce à leurs sources d’énergies renouvelables. Présentes sous plusieurs formes dans la majorité des pays, elles ne sont pas liées à des points stratégiques au contraire des hydrocarbures. En outre, les énergies renouvelables sont disponibles sous forme de flux et non de stock, ce qui élimine leur risque d’épuisement.


Les alliances géopolitiques existantes du fait des hydrocarbures pourraient être remises en cause, voire disparaître complètement. En effet, en saisissant l’opportunité d’indépendance et de sécurité énergétique qu’offre le renouvelable, la liberté de décisions des pays sera accrue dans le domaine énergétique, mais plus largement économique et politique. Les énergies renouvelables décentralisent les mécanismes de couverture énergétique au niveau des États, des villes et même des individus. Par ailleurs, elles permettent à de nouveaux acteurs comme des entreprises ou même des ménages d’entrer sur le marché du secteur énergétique, à l'instar de ENGIE  ou de l'entreprise Quénéa en France.

Le développement des énergies renouvelables pourrait également avoir d’importantes répercussions sur le marché de l’emploi : si elles participent à la création de nouveaux emplois, cela se fera au détriment des industries des énergies fossiles. Pour autant, la mise en place de politiques facilitant la transition énergétique pourrait faciliter l’intégration du renouvelable dans les mix énergétiques et aider à combattre les difficultés socio-économiques des travailleurs miniers par exemple. C'est ainsi qu'en quelques dizaines d'années, grâce à une politique ambitieuse, le Costa Rica a réussi sa transition énergétique.


Seulement, si les hydrocarbures ont été et sont au cœur de nombreux conflits, les énergies renouvelables le seront également. Prenons l’exemple de l’hydroélectricité qui est la forme d’énergie renouvelable la plus répandue au monde. Lorsqu’il s’agit de sources d’eau transfrontalières par exemple, les conflits et tensions seront exacerbées. Alors que la construction de barrages sur les cours d’eau majeurs augmentera la sécurité énergétique des pays situés en amont des cours d’eau en leur fournissant une source relativement continue d'énergie, elle pourrait nuire aux pays en aval en réduisant leur débit sur ces cours d'eau. Les effets du développement des énergies renouvelables dans les pays seront différents d’un État à un autre. Les pays qui ont les moyens de les développer massivement verront leur influence globale s’accroître. La Chine par exemple s’est déjà instituée en exportateur de technologies d’énergies renouvelables, se dotant ainsi d’un avantage commercial conséquent. L’expansion des énergies renouvelables et des technologies liées contribuera à une certaine hausse de la demande d’une catégorie particulière de minerais et métaux, nécessaires pour leur fabrication. Les régions qui possèdent des réserves de ces ressources pourraient tirer bénéfice de la transformation énergétique. Beaucoup de pays en voie de développement auront également la possibilité de développer plus rapidement leurs secteurs énergétiques en profitant d’un bond technologique, ce qui risque de bouleverser légèrement l’ordre établi. Les régions du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord, la Russie et certains pays du Commonwealth seront les plus exposés à la réduction des revenus provenant des énergies fossiles. La transition énergétique et le déclin des revenus des hydrocarbures auront des effets relativement prononcés dans ces régions.


Autant de paramètres qui seront prépondérants et auxquels il faudra être attentifs pour pouvoir au mieux réaliser cette transition énergétique et développer pleinement le potentiel des énergies renouvelables.


Elouan Pacault

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