Guerre en Ukraine : bilan et perspectives
Le 24 février 2022 débutait l’invasion de l’Ukraine par la Russie et par la même occasion le début de la guerre qui a changé la vie de milliers de personnes et qui continue d’inquiéter l’ensemble de l’Europe et du monde. Un après le début de cette guerre, aucun des deux pays n’a encore pris le dessus sur l’autre : d’un côté Kiev reste ukrainienne malgré les objectifs annoncés par la Russie au début du conflit et, de l’autre, l’armée ukrainienne n’a pas réussi à reprendre tous les territoires occupés par les Russes. Peut-on alors s’attendre à des négociations futures ou alors la situation va-t-elle demeurer figée ? Des deux côtés, les armées faiblissent, avec des pertes militaires lourdes, et l’armée ukrainienne recule petit à petit au profit des Russes qui ont gagné 278 km2 au cours du mois de janvier. Cependant, cela est loin de signifier que la Russie va prendre le dessus et remporter cette guerre.
En effet, la Russie semble en position fragile depuis un moment maintenant : elle n’a atteint aucun des ses objectifs du début de la guerre, à savoir conquérir rapidement l’Ukraine et renverser le pouvoir de Volodymyr Zelensky. De plus, elle est quasiment complètement isolée du reste du monde et son économie est très largement affectée par ce conflit. Malgré cela, Poutine reste convaincu qu’il va sans aucun doute triompher de l’Ukraine et gagner cette guerre prochainement et donc il continue à lancer de nouvelles opérations militaires pour tenter de gagner du terrain (récemment il a lancé une opération pour prendre le contrôle des régions de Louhansk et de Donetsk). L’Occident se montre-t-il trop timide face à la Russie et laisserait donc entendre à Poutine que le monde occidental est faible et qu’il peut gagner cette guerre ? Il est vrai que la position des dirigeants occidentaux est parfois ambivalente. Par exemple, Emmanuel Macron, qui n’a cessé de témoigner son soutien à l’Ukraine, a aussi affirmé qu’il « ne fallait pas humilier la Russie », ce que Vladimir Poutine a pu interpréter comme un signe de faiblesse mais aussi de peur de la Russie de la part du président français et de l’Occident. Peut-être peut-on rajouter qu’il y a une chose qui semble parfois oubliée par les occidentaux : le président russe ne laissera pas tomber facilement car il sait que la survie de son régime est en jeu dans cette guerre et il est prêt à tout pour se maintenir au pouvoir.
Néanmoins, ces derniers temps, l’Occident tente d’envoyer des messages forts à la Russie et à Vladimir Poutine, en témoignent notamment le débat sur la fourniture d’avions de chasse à l’Ukraine ou encore l’affirmation des Etats-Unis et des Européens qu’ils vont continuer à envoyer des armes aux militaires ukrainiens. Aussi, début février, Volodymyr Zelensky a été reçu par le Président Macron et a obtenu le plus haut grade de la Légion d’Honneur, ce qui marque un signe fort et symbolique dans le contexte actuel mais soulève aussi des questions puisque Vladimir Poutine a également été décoré dans le passé de la Grand-Croix de la Légion d’Honneur française. Après sa visite à Paris, le président ukrainien s’est rendu à Bruxelles au Parlement Européen où il a tenu un discours qui fut acclamé par les députés européens. Pendant ce discours, le Président ukrainien a affirmé que, par la guerre qu’il continuait de mener dans son pays contre les Russes, il défendait « notre maison européenne ». Il a également insisté sur le fait qu’il fallait encore durcir les sanctions économiques contre Moscou et a demandé que les livraisons d’armes soient plus rapides pour contrer une éventuelle offensive russe dans les prochains jours. Il est aussi intéressant de souligner que les dirigeants anglais, allemands et français ne semblent pas opposés à la demande ukrainienne d’envoi d’avions de chasse mais ils considèrent que cela ne serait pas réalisable sur le court terme et préfèrent donc pour le moment se concentrer sur les autres types d’armes qu’ils sont capables de livrer plus rapidement pour véritablement aider les Ukrainiens dès maintenant. Enfin, un autre geste fort est la rencontre entre Joe Biden et Volodymyr Zelensky qui a eu lieu le lundi 20 février en Pologne à quelques jours du premier anniversaire du début de la guerre. Le but de ce déplacement pour les Etats-Unis est de montrer son soutien à l’Ukraine et de montrer à la Russie et au monde entier qu’ils se tiennent aux côtés de Volodymyr Zelensky et ne sont pas près d’accepter une défaite de l’Ukraine.
Ce jeudi 23 février, l’ONU a voté, pour la quatrième fois en un an, la condamnation de l’invasion de l’Ukraine par la Russie avec, sur les 193 pays membres, 141 votes dont 7 contre (la Chine fait partie des 32 pays qui se sont abstenus). Ceci fut applaudi et reconnu comme le début d’une victoire pour l’Ukraine qui remporte le soutien d’une majorité de la communauté internationale. Malgré son abstention, la Chine a donné son avis sur la manière dont doit être résolu le conflit ukrainien en proposant un plan pour la paix. Le pays souhaite encourager le retour du dialogue entre la Russie et l’Ukraine et s’oppose clairement à l’utilisation de l’arme nucléaire alors que Vladimir Poutine avait menacé d’en faire l’usage. Cependant, derrière ce discours, la Chine a en fait une position beaucoup plus ambivalente que cela dans la mesure où elle continue d’entretenir des liens très proches avec la Russie et son président. En effet, tandis que les Ukrainiens redoutent de ne pas recevoir les armes occidentales à temps, et alors que la Russie semble gagner du terrain, la Chine s’apprête à vendre des armes à Vladimir Poutine selon les sources du secrétaire d’Etat Américain, Antony Blinken. Ainsi, la Chine, tout en affirmant vouloir la fin du conflit, renforce ses relations avec la Russie en lui vendant des armes qui lui permettraient peut-être de prendre le dessus sur l’Ukraine si l’Occident ne prend pas rapidement de décision concernant l’envoi d’armes plus conséquentes aux militaires ukrainiens (comme des avions de chasse). Le 24 février, un an jour pour jour après le début de la guerre, les premiers chars Léopard sont arrivés en Ukraine, de quoi redonner peut-être espoir et de la force aux soldats pour continuer de combattre et reprendre les territoires occupés.
Il est impossible de dire comment se terminera cette guerre, mais plus le temps avance et plus les deux côtés semblent être de plus en plus déterminés à vaincre. L’Occident souhaite plus que jamais défendre ses valeurs de liberté en défendant l’Ukraine face à Vladimir Poutine et ses envies de pouvoir.
Article rédigé par Lucie GUEDON
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